jeudi 20 décembre 2012

Toulouse - Sochaux: une victoire à six points

A l'échauffement, les joueurs prennent leurs marques
À un peu plus d’une heure du coup d’envoi d’une rencontre au sommet de la course au maintien, les alentours du Stadium apparaissent presque déserts. Dans un silence glacial, quelques silhouettes à la mine sombre paraissent néanmoins traîner leurs âmes en peine en direction du stade. Malgré l’opération “Une place achetée = deux places remboursées”, il semblerait que le Stadium soit bien parti, une fois n’est pas coutume, pour sonner creux en cette fin d’après-midi.

En arrivant au Stade, nous croisons Jean Daniel Akpa Akpro qui, fort aimablement, dépanne aux guichets. Un peu plus loin, sur le parvis, Moussa Sissoko est en pleine discussion avec le représentant d’un club anglais non identifié. Le musculeux milieu de terrain a l’air embarrassé. Et pour cause: il a subi ces dernières semaines une terrible pression de la part du Président Sadran, qui souhaite lui arracher une prolongation. Passant à proximité, nous surprenons quelques mots de l’émissaire à notre international aux pieds de parpaing: “Résiste ! Suis ton cœur qui insiste ! Ce monde n’est pas le tien. Viens, bats-toi, signe et persiste, résiste ! Oublie ce club égoïste !” Nous n’en saurons pas plus car déjà, Moussa est appelé par Casanova qui veille au grain. Nous apprendrons plus tard que l’émissaire a été intercepté par la sécurité alors qu’il tentait de quitter le stade, puis forcé à assister au match en punition de son impudence.

Dans l’enceinte millénaire du Stadium Municipal se respire une atmosphère mortifère. Le terrain, aux allures de champ de bataille, participe de cet effet. Pour les joueurs, c’est la désillusion. Boudebouz qualifie la pelouse toulousaine de “merdique”, tandis que Yaya Banana la trouve particulièrement glissante. Capoue étouffe un rire. Alain Casanova, furieux, s’en plaint aux journalistes de Canal+: “Même à Luzenac, jamais vu ça” lance-t-il. Sans aucune autre forme de procès, le chargé des sports de la mairie se fend sur Twitter d’un lapidaire “Que Casanova commence par faire jouir sa femme !”. Le coach des Violets applaudit ironiquement, meurtri à l’intérieur.

Casanova, convaincu par les prestations de ses protégés depuis le retour à une stratégie pour le moins défensive, et malgré un regrettable accroc contre Lyon, va jusqu’au bout de sa logique. Après un coup d’essai prometteur contre l’OM, il a décidé de placer des défenseurs sur tout le front de l’attaque des Violets. Ninkov est ainsi confirmé à droite tandis que Steeve Yago hérite du poste d’ailier gauche. C’est le jeune Jean-Daniel Chapi Chapo qui est aligné en pointe, sa polyvalence faisant foi.

La composition du TFC : tout pour la défense

Ben Yedder, quant à lui, a appris plus tôt dans la journée qu’il ne sera pas titulaire.

“wissam- ce soir tu joues pas. lol. bise. AC”

Le moment fatidique approche. À l’entrée des joueurs sur la pelouse, “Nuit de folie” de Début de Soirée retentit dans le stade. En effet, suite à l’échec cuisant de “La digue du cul”, les stagiaires du service marketing/fidélisation du TFC ont dû rapidement trouver une solution de remplacement. Un vif succès ! Dans le tunnel, Djalo fait la danse du robot tandis que Capoue fait la coupole.

Les supporters donnent de la voix

Le stratège toulousain doit rapidement réorganiser son équipe !
Le coup d’envoi est donné. Dès les premières secondes de jeu, Capoue ne se pose pas de questions: il lance Didot dans la profondeur sur une ouverture de 40 mètres. Infoutu de contrôler le ballon de la tête, le fier breton tente de maîtriser le cuir de l’épaule avant d’aller s’empaler sur le poteau de corner. Blessé à la pommette, il doit sortir du terrain pour se faire soigner. Le TFC joue désormais à 10. Pris de panique, Casanova replace Abdennour en 9 et Ahamada sur le flanc gauche. Par ricochet, Bangré est désigné en qualité de goal volant. “C’était moins une !”, souffle le technicien à un supporter désabusé du premier rang.

Très rapidement, les Lionceaux sont décontenancés par le nouveau système de jeu toulousain et les jets de projectiles venant de la tribune. Tabanou et M’Bengue ont effectivement pris place dans le parcage visiteurs et sont là pour en découdre. Fumigènes, batteries de portable, préservatifs usagés: tout y passe. Excédé par de tels enfantillages, l’unique supporter sochalien ayant fait le déplacement quitte le stade. Le FCSM est désormais seul face à la barbarie.

“Il faut les prendre maintenant”, déclare Ben Yedder, sur le banc. Djalo hoche la tête, l’oeil brillant. Ni une, ni deux, le TFC se lance à l’attaque. Sur un long dégagement de Bangré, Ninkov dévie le ballon de la tête et parvient à trouver Abdennour parti telle une flèche dans le dos des défenseurs sochaliens. Seul face à Pouplin, Mister Kebab multiplie des gri-gri venus d’ailleurs. Tourné en dérision, le jeune gardien fond en larmes. De retour sur le terrain, Etienne Didot met un terme aux souffrances du portier adverse en marquant du tibia dans le but vide (1-0, 8ème). Délivrance dans le virage Taton ! La banderole “Et ce soir, vous allez prendre !” a su réveiller les consciences.

L’avantage au compteur acquis, il s’agit désormais de tenir. En conséquence, Casanova fait entrer Sirieix à la place d’Abdennour. “Un choix tactique”, se félicite-t-il au micro de Radio FG. Wissam grommelle quelque remontrance inaudible. L’attaquant vedette du début de saison n’apprécie guère son statut de remplaçant.

À la 16ème minute, Ahamada est sollicité sur le côté gauche à hauteur du rond central. Au moment de réceptionner le centre de Sirieix, Ali boxe le ballon en touche. Carton jaune logique et incompréhensible pour ce jeune joueur qui doit encore se familiariser aux règles du jeu.

Ali se demande s’il n'aurait pas mieux fait de rester dans ses cages

Peu après la demi-heure de jeu, Capoue est fauché comme un lapin en plein vol par Sauget. Sur le coup franc, Sissoko trouve la tête de Tabanou, qui s’apprêtait à saucer une frite. Furieux, Franck Canigou escalade les barrières de protection qui le séparent du terrain, prêt à se faire justice. Fort heureusement, M’Bengue le retient in extremis. “Ca n’en vaut pas la peine”, dit-il pour raisonner son camarade de suspension.

“Je te dis qu’il l’a fait exprès, ce gros bâtard !”

Boudebouz profite du cafouillage général pour lancer Osanga dans la profondeur. Le jeune attaquant nigérian se présente face à Bangré à 30 mètres du but. “Pouce ! Je suis goal volant, laisse-moi me replacer !”, supplie le réserviste toulousain. Le sochalien, fair play, pose le pied sur le ballon. L’action peut reprendre et se conclut par un but contre son camp de Didot, venu en renfort (1-1, 35ème).

Capoue, qui ne parvient plus à contenir ses fous rires, quitte le terrain. Une fois de plus, le Tèf se retrouve à 10. Sirieix remplace Bangré au goal et Ninkov passe en pointe. Cette réorganisation “de derrière les fagots” (selon les dires de Casanova) permet au club toulousain de tenir le point du match nul jusqu’à la mi-temps.


Etienne Didot, l'homme en vue de cette première mi-temps


Pendant la pause, dans un coin du vestiaire, Jonathan Zebina enrichit son journal intime des événements de cette première mi-temps. Grâce à notre relation privilégiée avec le capitaine des Violets, que nous avons fréquenté lors de notre semaine de bénévolat obligatoire à la maison de retraite des Derniers Soupirs, nous avons pu en relever une partie:
La ville s’endormait, j’en oublie le ballon. Et ce terrain boueux, et mon corps fatigué. Et quelques cris de haine, versés par quelques vieux, sur des joueurs frileux et qui ont la migraine.“

Tabanou et M’Bengue, qui n’ont pas souhaité rejoindre leurs coéquipiers dans le vestiaire, observent d’un oeil distrait le concours de lancer de nain organisé par JD Promotion. “Adri doit baliser”, plaisante Franck, en croquant à pleines dents dans une merguez. Cheikh semble ailleurs.

En parlant d’ailleurs, nous surprenons une conversation entre Sissoko et Capoue au détour d’un couloir. Lyrique, Moussa s’exclame: “Je veux m’en aller, m’évader ! Pas rester là encore une autre saison, les tours d’Empalot comme horizon...”

Trace ta route, ne te retourne pas

Au retour du vestiaire, la deuxième mi-temps reprend sur un rythme effréné. Capoue, qui avait quitté le terrain peu avant la pause, refait son apparition. Pendant que Zebina essaye de retrouver le ballon, perdu quelque part dans une gigantesque flaque de boue, les joueurs se réchauffent comme ils peuvent. Sur la touche, Regattin fait des glissades sur le dos de Sissoko, tandis que, dans un coin du terrain, quelques joueurs ont commencé une terrible bataille de boules de boue.

À la 55ème, Zebina se saisit enfin du ballon et, heureux comme un pape, le lève vers le ciel comme s’il s’agissait de la Coupe du Monde. Quelle ferveur dans le Stadium ! Tous les supporters s’accorderont pour dire qu’il s’agit là du point d’orgue de la rencontre. Capitaine Lumbago hérite néanmoins d’un carton jaune pour main grossière.

Le jeu des Violets, fait de petites passes à terre, est mis à rude épreuve par l’état du terrain. Etienne Capoue, qui accepte ce soir de courir pour ne pas subir le froid, prend alors le jeu à son compte et multiplie les transversales en touche, pour avoir le temps de souffler. Casanova, furieux, ordonne le changement. Regattin fait ainsi son entrée dare-dare à la place de l’international français, perclus de crampes au pubis.

Steeve n'en revient toujours pas
À la 68ème minute, le match bascule. Moussa Sissoko, lancé comme un bolide, réalise une percée dont il a le secret. Dans un raid éblouissant, il élimine plusieurs défenseurs sochaliens, avant de s’empaler sur le dernier, comme à son habitude. Mais le ballon revient sur Steeve Yago qui exerçait un strict marquage à la culotte sur le défenseur central des Lionceaux. Surpris, il tente de dégager, mais à cette distance du but, le ballon s’envole vers la lucarne (2-1, 69ème). Le Stadium, qui n’y croit pas vraiment, marque un temps d’arrêt, avant d’exploser de joie et de rire.

C’en est trop pour le coach des Violets. S’il a une seule certitude, c’est bien qu’une victoire rapprocherait plus que de raison le Téfécé de la première partie du classement, ce qui le paralyserait à nouveau. Visionnaire, Casanova sort alors le dernier atout de sa manche et fait entrer Manu Rivière à la place d’un Ninkov au four et au turbin. “C’est ainsi que l’on s’élève vers les étoiles”, confie-t-il à Jacques Bréda, le speaker, qui lève les yeux au ciel.

“Simon Pouplin ! T’es encore plus mignon qu’à la télé.”

À la 75ème, au moment précis où Emmanuel Misère vient de perdre son quatrième duel (sur quatre), on nous apprend que, dans quelque contrée lointaine, Umut Bulut vient d’inscrire un triplé en moins de cinq minutes. Alors que Sadran sanglote dans sa loge en caressant son chéquier, le Téfécé est en souffrance. Face aux attaques fougueuses des Lionceaux, Bangré exerce un pressing de tous les diables et Sirieix enchaîne les arrêts de classe méridionale.

Dans les tribunes, c’est l’effervescence, et on se félicite des “valeurs retrouvées de cette équipe de chèvres”, d’après les mots du gros Robert, seul supporter du virage ouest. C’est à cet instant que, sur une ouverture limpide d’Aurier, Sissoko réussit l’impossible: un contrôle orienté en première intention. Une clameur s’élève dans les travées du Stadium tandis qu’un lâcher de ballon blancs et mauves émerveille les plus jeunes en cette période de fêtes. Anthony Bancarel, en état de choc, glisse à Jean-Philippe Delpech: “je crois que maintenant, on peut mourir tranquille” ! Il mourra peu après le coup de sifflet final.

Hommage à Anthony Bancarel, par Enzo31, de Castanet-Tolosan, sur son Skyblog

Retranchés dans leur camp, les toulousains s’évertuent à construire une barricade à l’aide de plaques de gazon. Il leur reste dix minutes à tenir et, malgré un Capoue insolent sur le banc, ils réussissent l’exploit, sous le regard désespéré d’Alain Casanova. Au coup de sifflet final, celui-ci lâche un “fait chier !” retentissant. Score final: 2-1.

L'entraineur du Téfécé, qui est rentré directement au vestiaires, n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes. Nous comprenons que l’artificier toulousain est dans une situation périlleuse avec une équipe qui comptabilise pas moins de 26 points dès la trêve. “Attention à ne pas se brûler les ailes !”, lance Alain Giresse en collectant l’huile de friture des buvettes.

Pierre Ménès n’a pas jugé bon de suivre la rencontre et se contentera de quelques tweets passifs-agressifs génériques. Au micro de CNN, Barack Obama saluera une équipe de Toulouse “généreuse et appliquée”.


"Le maintien ? Yes, we can !"

7 commentaires:

  1. merci pour ces sourire et un ou deux fous rire.

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  2. énorme... et tellement vrai en même temps ! Cette équipe est tellement pitoyable que l'on s’éclate plus en lisant ce blog que d'aller les voir au stadium

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    1. Et pourtant, on s'est bien amusé ce soir au stadium, malgré une ambiance qui n'est pas sans rappeler le désert glacial arctique.
      On a vu des beaux buts en plus, et le caleçon moulant de Mamamada. Le genre d'images chocs que Bein ou Canal ne sauraient nous offrir.

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    2. Ces images chocs on dut plaire a notre ami yannick !! et d'apres les infos top secrètes sur mon facebook d'un certain ACdu31, jd chapi chapo en plus de servir au guichet millieux defenseur peleur d'orange,il aiderait mister kebab pour servir les frites et Mamamada a faire du tarot !! info a confirmer (un informateur anonyme)

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  3. Bravo et merci pour cette tranche de rigolade !

    Tolozinzin

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  4. Enfin une victoire pour cette équipe de chèvres MDR.

    FAITE KOM MOI DEVENEZ SUPPORTER DE L'OM C MIEU !!

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  5. Enorme je me tape des fous rires tout seul dans ma chambre ! Merci

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