samedi 26 janvier 2013

Reims - Toulouse: opération rachat (de contrat)

Au petit matin, à quelques heures d'un match capital contre un adversaire direct à la course au maintien, Emmanuel Rivière sort de son lit avec la boule au ventre. La défaite contre le PSG, mercredi, a sonné le glas de la belle épopée des violets en Coupe de France. Mais l'événement qui a le plus secoué le club cette semaine, c'est le départ à Newcastle de Moussa Sissoko, qui pourra désormais jouer le maintien à l'international. Les jours suivants furent éprouvants pour tous. Pendant que Moussa se faisait mousser auprès des médias les plus prestigieux, Olivier Sadran, au miro de Chasse&Pêche TV, a adressé en chanson ses meilleurs vœux à son ex-joueur. Quand la colère cède à la peine, les mots font parfois plus mal que les coups de crampons.



Dans le bus en direction de la charmante bourgade rémoise, l'émotion s'empare des joueurs du Téfécé quand la chanson de Goldman "Puisque tu pars" passe à la radio. En larmes, les joueurs se racontent alors leurs meilleurs moments avec Moussa. Tous ont en mémoire ses raids éblouissants qui se concluaient toujours par une passe manquée, son contrôle orienté si particulier qui avait un jour assommé un arbitre, ou encore la fois où, d'une frappe au dessus, il avait tué une mouette égarée, provoquant la colère de Brigitte Bardot, qui, de rage, avait fui en Russie.

Dans le vestiaire, à quelques minutes du coup d'envoi, l'émotion est encore palpable. Etienne Capoue invoque une minute de silence, "pour tous les otages de France et de Sadran". Beaucoup, dans l'assistance, se sentent concernés. Mais l'espoir existe, comme l'ont montré cette semaine Florence Cassez et Moussa Sissoko.

"Voilà, c'est la fin de mon calvaire, voilà quoi, voilà"

Le coup d'envoi est finalement donné. Fait inattendu : Jonathan - la béquille - Zebina, est titulaire. Pourtant, plus tôt cette semaine, il a été déclaré inapte par la médecine du travail, qui l'a sommé de mettre fin à sa carrière sous peine de mort foudroyante par colique frénétique. Mais le capitaine des violets n'a pas le choix: il doit continuer à jouer pour éponger ses dettes de jeu, accumulées au cours d'une carrière à rallonge.

La première mi-temps est pour le moins brouillonne. Jean Daniel Chapi Chapo, peu habitué à jouer au même poste deux matchs de suite, semble complètement perdu. Devant lui, Ben Yedder, qui a retrouvé une place de titulaire malgré une petite bedaine, héritée de ses nombreuses sorties arrosées, ne touche pas beaucoup de ballons. Heureusement, la défense tient le choc. Zébina, outré par la mésaventure d'une dame de 95 ans exclue d'une maison de retraite la semaine dernière, est animé par l'énergie du désespoir. Mais pour le reste, chacun semble jouer pour sa paroisse, afin d'attirer l'attention des quelques émissaires présents dans le stade. Même Casanova n'a pas l'air très concerné. Il se dit qu'il aurait été reçu par QPR cette semaine, avec en vue le prestigieux poste d'entraineur des poussins et un salaire trois fois supérieur à sa rétribution actuelle.

Alain Casanova dans les rues de Londres

A la mi-temps, Pantxi, furieix, tente de remobiliser son équipe. Il est bouclé, il est beau, il sent bon le sable chaud mais, malgré son charme, le vestiaire ne semble pas très attentif. La plupart des joueurs sont vissés à leurs téléphones, cherchant une porte de sortie avec leurs agents respectifs, tandis que, dans un coin, Yannick Djalo s'enduit le corps d'huile.

En tribunes, Sadran a délaissé sa Nintendo DS et se plaint désormais à qui veut l'entendre de tous ces clubs étrangers qui tournent autour de nos joueurs et violent nos femmes. Alors que le match reprend, il part à la recherche des WC présidentiels et surprend Rachedi, son fidèle bras droit, en grande conversation avec le concierge-émissaire de Luzenac. Touché en plein coeur, Olivier s'écrie, dans un sanglot, "tu quoque Rachedi ?!" (ndlr, "toi aussi Rachedi ?!") avant de prendre ses jambes à son coup.

Sur le terrain, le spectacle n'est pas beaucoup plus réjouissant. Le Tèf tourne à 20% de possession de balle, ce qui lui laisse peu d'opportunités d'obtenir des occasions. Sur le côté droit, Djalo essaye continuellement de faire la virgule (ndlr, geste technique aussi appelé le flip flap) mais ne fait que des ratures.

A la 75ème minute, Wissam Ben Yedder, furieux d'être marqué par son défenseur, écope d'un carton jaune pour lui avoir lancé une chaussure en plein visage. Afin d'éviter que le match dégénère, Alain Casanova fait alors entrer Manu Rivière à sa place.

Wissam est hors de contrôle

Quelques minutes plus tard, sur un des rares ballons récupérés par le milieu de terrain toulousain, Emmanuel se lance dans la profondeur, mais son appel en masqué ne laisse pas l'opportunité à Aurier de le reconnaitre et le ballon est perdu.

A la 85ème minute, dans un ultime baroud de déshonneur, Akpa Akpro centre dans la surface rémoise. Tentant de faire une tête, Etienne "Dudos", contrôle involontairement de l'épaule. Pour se rattraper, le dépositaire du jeu d'acteur du TFC tente alors une simulation grotesque, sans succès.

Acculé en défense, le Téfécé résiste aux assauts rémois. Après quelques minutes qui semblaient sans fin, le coup de sifflet libérateur retentit enfin et conclut la rencontre sur un score nul et vierge. "Comme Yago !" commente Capoue, hilare, en rentrant au vestiaire au petit trot. 

5 commentaires:

  1. Oh bordel ce dernier paragraphe d'anthologie. Le "pas habitué à jouer au même poste deux matchs de suite" est magnifique aussi.

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  2. bravo du grand art on sent les connaisseurs du club

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  3. Bon je dois dire que les passages sur Sissoko, Rachedi et WBY sont énormes!
    C'est osé, notamment le passage sur Cassez et j'aime ça!
    Pas gentil pour Yago! (mais rigolo!)

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